UNE DÉMARCHE SANTÉ-ARTS

« Le CPSF propose une toute nouvelle démarche : questionner, approfondir le rapport entre la Santé et l’Art, par le biais de l’artiste. »

L’être humain ne peut exister que dans la culture, d’après Claude Levi-Strauss. Aujourd’hui cette culture, notamment par la philosophie, les dÉcouvertes scientifiques, les modes de vies, et l’Art, porte naturellement en elle la Médecine de demain.

Et si la Médecine ne pouvait se passer de l’Art ?

L’esprit scientifique est sans cesse à reconstruire. Si la médecine en tant que science se questionne et se construit naturellement de façon épistémologique, par la théorie de la connaissance ; l’Art, lui, permet de questionner la Santé de façon ontologique, c’est à dire s’intéresser directement au sens de l’être. L’Art laisse la possibilité de voir comment le « sensible » se réalise. Par son expérimentation, il permet des situations et des effets insoupçonnés. Science ou Art, il s’agit bien pour tous deux, d’une quête du sens qui induit le fait d’aller au-delà de ce qui est déjà acquis ; plonger à la recherche d’une vérité plus profonde que celle que nous donne à voir la réalité.

L’Art comme créateur d’émotions

Si l’artiste conçoit cette notion comme évidente, cela n’est pas universel. Adresser l’Art à un patient, ou à un visiteur du CPSF, n’est pas inutile, bien au contraire, il s’agit un travail de Recherche artistique et de Prévention Santé supplémentaire à celui de l’équipe de soin.

Une équipe de neurologues suisses et italiens vient de comprendre ce qui se passe dans un cerveau humain face à une image. Pour peindre une fresque ou pour l’admirer, il faut faire travailler ensemble sa capacité à ressentir une émotion, ses perceptions visuelles, sa compréhension du sens du dessin, sa connaissance de la culture et de l’époque.

Un cerveau qui crée ou fait naitre un sentiment esthétique augmente son activité dans des zones sensibles porteuses d’émotions positives. Nous réalisons devant une œuvre qui nous sensibilise une expérience très complète de gymnastique cérébrale en stimulant :

– la zone du cerveau connectée aux yeux (le cortex orbito-frontal) qui décide si ce que l’on voit est beau ou pas
– le cortex moteur (celui qui permet de bouger les bras et les jambes). On marche jusqu’à un musée ou un cinéma et l’on peint ou danse en mouve- ment ;

– et potentiellement les zones de la récompense cérébrale (celles qui réagissent aussi devant un bon repas ou quand on tombe amoureux) et les zones du plaisir : le plaisir esthétique n’est pas seulement intellectuel.

L’Art pourrait diminuer notre risque de développer des troubles cogni- tifs liés à l’âge (pertes de mémoire, perte d’autonomie…)

Nos capacités intellectuelles ou émotionnelles ne s’usent que si l’on ne s’en sert pas (isolement, sénescence, dépression…). Un mécanisme de défense du cerveau face à un risque de dégénérescence se met alors en place, la psychoplasticité : une capacité à chercher et trouver des réponses de protection, même dans les moments difficiles. La démarche Santé-Arts est justement de mobiliser notre attention à ressentir, éprouver, admirer, découvrir un ou ses arts pour connecter ou reconnecter nos neurones cérébraux les uns aux autres, notre neuroplasticité cérébrale.

L’Art peut nous faire éprouver du bonheur, repousser la dépression.

Des Neurologues Allemands viennent de démontrer que la sérotonine agit comme un facteur de croissance pour le cerveau humain du fœtus. Le deuxième neurotransmetteur, la dopamine, est quand à lui nécessaire à la créativité puisqu’il joue un rôle fondamental pour le contrôle de la motricité. De nombreux patients sont carencés en sérotonine et/ou en dopamine, ce qui est à l’origine de nombreuses dépressions, heureusement l’amour de la nouveauté et l’esprit d’aventure sont des qualités qui se cultivent via l’accès et la perception de l’Art, permettant d’évoluer vers une santé mentale positive, indispensable dans la Prévention Santé.

Le travail de l’artiste n’est évidemment pas de rechercher le « beau » comme idée esthétique et inconceptualisable. Il est ici question de définir l’argument d’une expérience sensible, s’adressant aux sens, aux émotions, aux intuitions et à l’intellect. L’artiste comme un capteur de la société et un passeur au sein d’un centre de recherche où se pratique la médiation entre l’Art et la Science pour apporter un autre regard.

G. Guedj & P.M. Braye-Weppe